jeudi 16 décembre 2010

Electricité, la Bretagne ne sera plus une péninsule électrique

France (UE) 16/12/2010 - 3B Conseils - L'alerte orange déclenchée mardi a été maintenue mercredi. "D'après les données Météo France, mardi et mercredi étaient les jours les plus froid de la semaine, avec des températures inférieures de 6 à 7 degrés aux normales saisonnières. RTE avait rappelé les bretons à la plus grande vigilance.

Pic d’hiver
RTE a indiqué que la France avait battu deux fois son record de consommation d'électricité, mardi 14 décembre, avec un premier pic de 93.752 mégawattheures à 18h45, suivi d'un second de 94.200 MWh, à 18h55.
EDF a indiqué que 52 réacteurs (sur 58) du parc nucléaire étaient en service hier. Vers 19 heures, près des deux tiers de la consommation (62%) étaient satisfaits par le nucléaire, 16% par le parc hydraulique, 6% par les centrales au charbon, 4% par les centrales au gaz, 3% par les centrales au fioul, 2% par l'éolien. Il a également fallu importer 4.000 MWh.


Pour remédier aux risques de pénurie, le préfet de région Michel Cadot a signé le 14 décembre le Pacte Electrique Breton. Celui devrait être signé à son tour par Jean-Yves Le Drian après le vote de l'assemblée le 6 janvier 2011. Il vise à résoudre sur le long terme la problématique régionale du manque de production d'énergie électrique. Brest métropole océane, va accueillir une nouvelle usine de 450 MW qui sera construite vraisemblablement à Guipavas (Finistère). Elle fonctionnera à partir du gaz. L'Etat va désormais lancer l'appel d'offres nécessaire. Ce devrait être dans les premiers mois de 2011. Sans attendre le choix de l'opérateur, les pouvoirs publics viennent de demander à GRTgaz d'étudier le renforcement de l'alimentation en gaz pour approvisionner cette future usine. Un premier projet avait été initié il y a deux ans à Ploufragan dans le département des Côtes-d'Armor, mais il avait été suspendu par le préfet car il rencontrait de nombreuses protestations.


Le montant à investir dans la prochaine usine qui fonctionnera principalement en hiver pour alimenter en électricité la Bretagne, n'est pas encore communiqué. Il devrait être supérieur aux 100 millions d'euros prévus pour le précédent dossier ceci en attendant que les énergies renouvelables de la mer viennent renforcer également la production d'électricité avant 2020.


La situation en Finistère : Le parc de production finistérien comptabilisait en 2008 une capacité installée totale de près de 600 MW, dont 113 MW d'éoliennes terrestres, 465 MW de centrales thermiques à flammes (295 MW à Brennilis et 170 MW à Dirinon), 7 MW d'hydraulique (Saint-Herbot) et 15 MW de cogénération.

La production extérieure appelée pour les besoins de la Bretagne sont :

1) la centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique, 2 460 MW au total). L'électricité produite est acheminée vers la « Bretagne sud » à 60% par les lignes HT 225 kV et à 40% par les lignes HT 440 kV ;

2) les centrales nucléaires de Chinon (Indre-et-Loire, 3 600 MW), voire de Civaux (Vienne, 3 000 MW) qui permettent d'alimenter la « Bretagne sud » à partir de Cordemais ;

3) la centrale nucléaire de Flamanville (Manche, 2 600 MW) qui permet d'alimenter la «Bretagne nord» à partir de Launay.

D'après Enerzine, le Finistère importe annuellement plus de 94% de l'électricité qu'il consomme, non seulement de Bretagne, mais surtout des régions limitrophes. Il doit également importer près de 400 MW lors des pics de consommation.

Si aucune action n'était entreprise pour augmenter les capacités de production d'électricité en Finistère, le déficit annuel et la couverture des pics risquaient de se traduire par des coupures significatives du courant dans les prochaines années, faute de capacités de production locales suffisantes. A moyen terme (d’ici 2015), le Finistère doit faire face :

- à un pic de consommation de l’ordre de 1 000 MW chaque hiver (déficit conjoncturel) qui, compte tenu d’un parc actuel d’environ 600 MW, serait comblé par une capacité d’environ 400 MW, qui si elle est de pointe, doit être maîtrisable (non intermittente) ;

- et à des besoins annuels (déficit structurel) de l’ordre de 5,5-6,8 TWh/an. Pour couvrir 20% de ce déficit structurel annuel, il faudrait une capacité comprise entre 140 MW (pour un fonctionnement de 8000 h/an en base) et 730 MW (pour 1500 h/an en pointe).

Article : BB
Source : Usine Nouvelle - Stanislas du Guerny, Télégramme (15/12/2010), enerzine.com. RTE.