mardi 1 juin 2010

Lorsque les coquillages nous parlent des changements climatiques…

photo : Globobulimina foraminifère


On sait déjà que grâce aux cernes des arbres ou aux bulles de gaz emprisonnées dans les glaces polaires, on peut suivre années après années les changements climatiques.
Avec la coquille Saint-Jacques, on peut aussi suivre ces évolutions au jour le jour puisqu’elle garde en effet des traces de ce qu’elle mange, et qu’elle est également sensible aux changements de températures et au régime des vents.

Les travaux des biologistes brestois ont été essentiels dans la compréhension de ces phénomènes puisque désormais - capables de séparer les effets trophiques, dus à l’alimentation, des effets thermiques - les chercheurs brestois comme Laurent Chavaud (*) du laboratoire d’Ecologie Marine (LEMAR) à l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM), peuvent non seulement retracer l’histoire du climat dans l’Atlantique grâce à certaines coquilles millénaires, mais aussi se pencher sur des phénomènes plus récents, comme les pollutions provoquées par les nitrates au cours des dernières décennies.

De nouveaux travaux de chercheurs britanniques, dirigés par Luke Skinner de l'Université de Cambridge, et publiés le 28 mai dernier dans la revue Nature Geoscience, montrent qu’au fond de l'océan antarctique une énorme émission de dioxyde de carbone (CO2) aurait contribué il y a environ 18.000 ans, à la fin de la dernière période glaciaire.

Les résultats de cette recherche fournissent la première indication concrète que le CO2 était piégé efficacement dans les grands fonds océaniques pendant la dernière glaciation, ce que soupçonnaient les chercheurs depuis longtemps sans en avoir la preuve. Les chercheurs britanniques ont analysé une carotte de sédiments récupérée au fond de l'océan entre l'Antarctique et l'Afrique du Sud.

C’est en comparant la teneur du carbone 14 dans des coquilles laissées par des foraminifères, de petites créatures marines, et présentes dans cette carotte avec celle contenue dans l'atmosphère à la même époque qu’ils ont pu déterminer la durée pendant laquelle le CO2 était resté piégé dans l'océan.

Les auteurs de cette recherche estiment que de vastes dégagements de CO2 provenant des fonds de l'océan Antarctique se sont produits tous les cent mille ans environ, contribuant à la fin de toutes les périodes glaciaires depuis les deux derniers millions d'années, soit la période qui correspond à l'ère quaternaire.


Retrouvez également les travaux d’Agnès BALTZER de l’université de Caen, exposés lors des entretiens Sciences et Ethique 2009, sur les changements climatiques observé depuis 20000 ans à partir de l’observation en Écosse des es cycles climatiques basses et hautes fréquences enregistrés dans les systèmes sédimentaires côtiers.

(*) Laurent Chavaud est intervenu lors des entretiens Science et Ethique en 2006 .
Il est également un des scientifiques de la mission MACARBI en Antarctique qui avait pour but, en étudiant le Pétoncle austral, d’observer les changements environnementaux marins sur la marge du continent antarctique au cours des dernières décennies.

Sources : University of Cambridge / IUEM / entretiens Science et Ethique / RH - 3B Conseils