jeudi 4 février 2010

Algues vertes : un plan de 134 millions d’euros sur la période 2010-2014



En Aout 2009, le Premier ministre était venu constater la propagation de l'algue verte Ulva sp communément appelée Ulve ou laitue de mer sur la plage de Saint-Michel-en-Grève dans les dans les Côtes-d'Armor.

Les algues vertes se développent surtout entre mai et octobre, lorsque les eaux du littoral se réchauffent. Elles s'échouent sur les plages, et en se décomposant, elles peuvent émettre des gaz toxiques. Les tissus contenant du soufre dégagent ainsi de l’hydrogène sulfuré, gaz très dangereux pour la santé.

"Ces pollutions présentent un danger pour la santé. Une étude a démontré la toxicité de ces algues vertes dans une certaine concentration" avait alors déclaré François Fillon en faisant référence à la publication du Rapport, commandé par Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat à l’écologie à l’Institut National de l'environnement industriel et des risques (Ineris), organisme qui a pour mission d'évaluer et de prévenir les risques accidentels ou chroniques pour l'homme.

C’est ainsi que la secrétaire d’Etat avait  confirmé qu'en "certains points, on a constaté des concentrations [d’hydrogène sulfuré] qui étaient deux fois les doses mortelles". En effet, les prélèvements d'air sur les amas d'algues vertes en décomposition ont décelé une concentration en hydrogène sulfuré allant jusqu’à 1000 ppmv (parties par million en volume). A ce niveau, la mort est rapide et les méfaits sont de toute façon irréversibles. Car ce gaz s'attaque au système nerveux. Les victimes perdent conscience, montrent des symptômes de détresse respiratoire, souvent suivis d'un œdème. Une concentration de 1000 ppmv relevée à l'endroit où un cheval est mort en juillet dernier, ne s'est présentée qu'à ce seul endroit de la plage où les algues n'avaient pu être ramassées en raison de la qualité du sol vaseux - le sable mêlé aux algues agissant comme une chape, accroît la concentration de gaz.

En d’autres endroits, des taux allant de zéro à 500 ppmv ont été mesurés, confortant les résultats de l’enquête en 2008 du Centre de valorisation des algues (Ceva). Ces niveaux restent élevés et peuvent provoquer des irritations des yeux et des voies respiratoires, ainsi que des maux de tête à répétition.

A l’issu de ce déplacement le Premier ministre avait donc :
-  mis en place une mission interministérielle devant bâtir un plan d'action pour lutter contre la prolifération des algues vertes et proposer des solutions efficaces de ramassage et de protection de la population ,
- annoncé l’expérimentation du ramassage des algues à la fin de l'hiver en mer, en espérant que cette mesure permettra d'éviter de telles proliférations.

Le phénomène des "marées vertes", apparu il y a une trentaine d'années, est favorisé par les rejets de nitrates dans l'eau, dus à l'agriculture et à l'élevage intensifs, mais aussi à certaines activités urbaines et industrielles. De fait, une réduction importante des engrais et effluents azotés épandus sur les sols permettrait de réduire les marées vertes. Une diminution des apports a été amorcée depuis 2000 mais les effets sur la prolifération des algues vertes ne sont pas encore sensibles car le temps de réaction des bassins versants peut aller de 2 à 10 ans suivant leur typologie. Les résultats des politiques engagées ne sont donc pas spectaculaires pour l’instant.

C’est lors de son déplacement à Saint-Michel-en-Grève, le 20 août dernier que François Fillon avait annoncé le lancement d'une mission interministérielle chargée de proposer un plan de lutte contre les algues vertes.

La mission interministérielle - composée  de Dominique Dalmas, inspectrice générale de l'administration,  Philippe Quevremont, ingénieur général du Génie rural, des Eaux et Forêts, Roland Moreau, inspecteur général des affaires sociales et Vincent Frey, ingénieur général du génie rural - devait rendre ses conclusions le 8 décembre (Voir article du blog du 9 décembre 2009).

C’est avec plus d’un mois de retard que celui ci a été rendu, faisant l’objet d’une présentation préalable aux organisations agricoles et aux associations environnementales. C'est de ce rapport que découle  la communication en conseil des ministres de ce 3 février.

C’est un plan doté de 134 millions d'euros sur la période 2010-2014 qui a été présenté par le  gouvernement afin de lutter contre les algues vertes  qui envahissent chaque été depuis plusieurs décennies certaines baies du littoral breton.

Ce plan  qui se décline autour de trois axes en trois points :  la gestion les algues échouées, la réduction des flux de nitrate vers les côtes et l’amélioration des connaissances du phénomène, entend selon le gouvernement, assurer "une gestion irréprochable des algues vertes qui sont échouées en améliorant leur ramassage et leur traitement" avec un but :  "supprimer tout risque sanitaire et de réduire les nuisances".

Dans un premier temps l’Etat entend financer en priorité le ramassage des algues dans les huit baies où elles sont présentes, et procéder à  leur stockage et traitement  pour éviter tout risque sanitaire.

Lors de sa présentation la secrétaire d’Etat à l’écologie a annoncé d’une part qu’elle allait créer « un groupe de recherche national qui sera sous pilotage de l'Ifremer pour déterminer vraiment les conditions dans lesquelles elles se forment » et d’autre part que « des mesures en amont, de prévention, que ce soit par la mise aux normes de toutes les stations d'assainissement et ensuite des mesures sur les changements des pratiques agricoles ».

Ces modifications des pratiques agricoles impliquent de "réduire les flux de nitrate vers les côtes", et de mettre en œuvre la "traçabilité des flux d'azote" et des contrôles plus efficaces.

Ils restent que si  les organisations agricoles n’entendent pas êtres stigmatisées, depuis l’annonce de ces annonces différentes annonces et en attendant sa présentation en détail à Rennes par le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno, les associations de protection de l’environnement comme les élus des communes touchées restent  dans l’expectative en jugeant pour beaucoup d’entre eux, ces mesures encore trop vagues.


Sources : MEEDDM / Services du Premier ministre / RH – 3B Conseils