vendredi 12 mars 2010

Des députés européens veulent plus de transparence dans la tracabilité environnementale et sociale pour les importations de produits de la mer.



Dans les prochaines semaines, la commission pêche du Parlement européen dont le député breton Alain Cadec est le vice-président, doit auditionner une cinquantaine d'organisations constituant l’ensemble de la filière pêche.

Les députes européens entendent se saisir de la question du « paradoxe européen » en matière de pêche qui conduit les pêcheurs de l’Union européenne à être soumis à des réglementations strictes et des quotas de pêche fortement encadrés dont le but est de préserver la ressource halieutique. Des mesures largement acceptées par la profession et qui va jusqu’au l’immobilisation à quai des navires européens sitôt les quotas atteints.

Or, dans le même temps l'Europe accroît ses importations pour répondre une demande des consommateurs sans cesse croissante, lesquelles proviennent de Norvège, d'Afrique de l'Ouest, de l'Atlantique Sud ou de l'Océan indien, et parfois de pêcheries aux pratiques douteuses.

Ainsi l'autosuffisance européenne en produits de la mer est passée en dix ans de 57% à moins de 40%.

Pour le député Alain Cadec dans un entretien au Télégramme, « Une grande partie de ces produits n'ont aucune traçabilité environnementale ou sociale. Cela génère une concurrence déloyale » et d’ajouter « nous voulons faire prendre conscience du problème, proposer des mesures de contrôle et éventuellement mettre en place, avec l'Organisation mondiale du commerce, une vraie traçabilité ».
Le vice-président de la commission pêche du Parlement européen prépare d’ailleurs un rapport sur le sujet.

Des enquêtes récentes - dont celle effectuée en 2006 pour Greenpeace - ont montré les limites du système actuel de contrôle imposé par l’Europe. Celui-ci repose largement sur les autorités des pays tiers où « bien souvent, personne ne contrôle». Ainsi l’enquête de Greenpeace menée au large de la Guinée-Bissau a révélé qu'une majorité des navires de pêche repérés, dont 2/3 battaient pavillon chinois, ne disposait pas d'un numéro d'immatriculation européen.

Parallèlement l’Union Européenne dresse un bilan inquiétant des difficultés du secteur de la pêche qui recouvrent deux réalités distinctes mais intimement liées. Une réalité biologique tout d'abord : 88 % des stocks de poissons sont victimes de surpêche en Europe, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent se renouveler de façon durable. Si cela pose des problèmes en termes de biodiversité et d'écologie, cela met également en danger toute une filière économique. Puisque le secteur emploie quelque 400 000 personnes en Europe.
Outre le marin-pêcheurs, derrière chaque chalutier, ce sont des familles entières qui vivent de la transformation ou du commerce des produits de la mer, principalement dans les régions côtières.

Si personne ne conteste la nécessité de réformer la politique européenne de la pêche, que ce soient les pêcheurs qui fustigent des quotas trop restrictifs ou les associations écologistes qui mettent en garde contre la surexploitation des ressources halieutiques, il est bien plus difficile de savoir quelle orientation cette réforme de la politique commune de la pêche (PCP) doit prendre. D'autant que le sujet est éminemment sensible dans les pays les plus concernés : l'Espagne, le Danemark, la France et le Royaume-Uni.

C'est la raison pour laquelle, la Commission européenne a lancé une grande procédure de consultation publique. Dans son livre vert, elle soulève de nombreux enjeux et lance un appel aux professionnels du secteur et à la société civile :
- La flotte de pêche doit-elle être limitée de façon législative ?
- Est-ce aux Etats membres ou à la Commission européenne de décider de sa taille ?
- Comment développer une pêche écologiquement durable ?
- Comment maintenir les emplois dans le secteur ?



Vers une approche différente ?
Aujourd'hui, la politique commune de la pêche est gérée de façon centrale par les ministres de la pêche des Etats membres, réunis au sein du Conseil de l'Union européenne à Bruxelles. Dans son livre vert, la Commission européenne propose que la mise en application des décisions soit transférée au niveau régional, tout en laissant aux ministres le soin de déterminer les quotas annuels.

Pour les députés de la commission parlementaire des pêches, il faut en effet prendre plus en compte les spécificités des différentes mers européennes et éviter un « modèle unique de gestion de la pêche ».
Les institutions européennes devraient fixer les objectifs généraux mais que ce devrait être aux Etats membres de développer leurs propres stratégies pour les atteindre. Par ailleurs, ils appellent à l'élaboration d'un modèle « distinct, clairement défini, libéral, non bureaucratique et simplifié pour la gestion de la pêche côtière à petite échelle ».



Sources : Le Télégramme / UE / RH - 3B Conseils