jeudi 20 août 2009

« Et si le littoral allait jusqu’à la mer ! »


Dans son ouvrage paru aux éditions Quae , Alain Merckelbagh dépeint la politique du littoral sous la Ve République.
Zone de contact, le littoral est une succession de sites contrastés, biologiquement riches. C'est également une zone d'une intense activité économique et d'un fort développement urbain. Mais le littoral est aussi une zone d'accueil des pollutions. Il doit être protégé. Aujourd'hui, l'Etat ne sait plus comment agir.

« Fait de terre et de mer, zone de croissance et de résidence, réceptacle de nuisances, le littoral connaît une occupation accrue sous la Ve République. Pour expliquer cette situation, l'auteur analyse les politiques publiques et les enjeux de cet espace d'exception. Malgré les mesures du Conservatoire du littoral pour le protéger et celles de la loi Littoral pour l'équilibrer, la dynamique résidentielle et touristique ne se relâche pas, au détriment des activités maritimes, de l’agriculture et de la mixité sociale. Son développement durable exige l’affirmation d’une volonté politique qui fait défaut. » L’auteur propose un autre regard sur les rivages.

Ce livre intéressera les étudiants et enseignants, en sciences de la vie et de la terre, en sciences sociales et politiques, les aménageurs du territoire comme les responsables des professions maritimes, des associations de protection de la nature et tous ceux qui sont curieux de la question littorale.

Dans ce prolongement, l’article du Télégramme de Brest (édition du 19 août) indique que la Bretagne est la région où l'on construit le plus sur le littoral depuis 1990 : « après l'urbanisation massive le long de la Méditerranée. Puis sur la côte sud-ouest. Aujourd'hui, l'urbanisation progresse un peu plus vers le nord. Elle est déjà remontée à la Vendée, au Morbihan et maintenant à la côte finistérienne ».

Pour Alain Merckelbagh, ce désir d’habiter proche de la mer provoquent un mitage du paysage. «Les constructions se font de manière désordonnée. De plus, l'attractivité provoque des augmentations de prix et, par conséquent, exclut une partie de la population. Il y a aussi le problème de la pollution...».

Alain Merckelbagh met ainsi en garde contre un développement anarchique du littoral et le « résidentialo-tourisme". De 25 à 40 % de la population du littoral a plus de 60 ans. Il faut selon l’auteur donner la possibilité aux locaux de s'installer.

Economiste, membre du Conseil scientifique des entretiens « Science et Ethique », Alain Merckelbagh a intégré le Centre d’Etude et d’Actions Sociales Maritimes dont il devint secrétaire général. En 1979, il a été nommé Directeur du Centre International pour le Développement de la Pêche et de l’Aquaculture. Il fut deux fois conseiller technique de Louis le Pensec, Ministre de la Mer (1981-1983), puis Ministre de l’Agriculture et de la Pêche (1997-1998). Dans l’intervalle, il avait rejoint l’Ifremer , comme responsable du service de Valorisation de la Recherche (1983-1990), puis comme directeur de l’Environnement et de l’Aménagement du Littoral et P.D.G de la filiale Creocean (1990-1996). De 1999 à 2003, il est Directeur de l’Office National Interprofessionnel des Produits de la Mer et de l’Aquaculture (OFIMER)

Voir également l’intervention d’Alain Merckelbagh aux entretiens Science et Ethique 2005 , lors de la table ronde « Un littoral : des approches diversifiées » sur le thème : La politique d’aménagement du territoire du littoral en France depuis quarante-cinq ans : « Laisse béton » !

Consulter également le rapport « Bilan de la loi Littoral et des mesures en faveur du littoral » établi par le Secrétariat général de la mer (septembre 2007).

Sources : éditions Quae / Le Télégramme / RH – 3B Conseils