jeudi 3 décembre 2009

François Fillon à Brest : « La mer est un domaine d’avenir »




Au terme des deux journées de rencontres brestoises des 5ème  Assises de l’économie maritime et du littoral, organisées par le Marin  et Les Echos , le premier ministre François Fillon est venu délivrer un message d’ambition et d’espoir pour les acteurs de la mer.

Nous transcrivons ici des extraits; du discours du Premier ministre  dans les domaines de la pêche, des énergies marines, de l’enseignement supérieur ou de la sécurité maritime…

Devant les 1300 participants et à une semaine du Comité Interministériel de la mer 
qu’il présidera,  et qui devra arrêter les orientations du gouvernement, le Premier ministre à déclarer notamment :

« La France est une puissance maritime. J’imagine que vous l’avez dit et redit pendant la durée de cette rencontre. Riveraine de trois océans et de quatre mers, elle possède un espace maritime vingt fois plus étendu que son empreinte terrestre, qui la place au deuxième rang mondial pour sa superficie maritime. Aujourd’hui, l’idée d’un milieu maritime à préserver fait l’unanimité. Mais je veux vous dire que cela ne rend pas l’exploitation de la mer caduque pour autant. Notre politique maritime doit être optimiste et dynamique. Elle doit allier développement économique et les préoccupations écologiques. Il n’y a pas à opposer ceux à qui un contact séculaire avec la mer a appris l’humilité devant les forces naturelles et ceux qui, en toute bonne foi, considèrent que l’homme est aujourd’hui le corrupteur de cette nature. Je pense que sur ce constat, le monde maritime se retrouve. En juillet dernier, le Président de la République avait indiqué au Havre toute l’importance que nous attachions aux activités maritimes pour l’économie nationale, et le rôle déterminant que doit jouer la France dans la définition d’une politique maritime responsable."


S’agissant de la pêche :

« Ici en Bretagne, la pêche c’est un élément structurant de l’économie locale. A un emploi embarqué correspondent trois ou quatre emplois indirects à terre. Et contrairement aux emplois saisonniers de l’activité touristique qui dominent la vie du littoral, ceux-là sont des emplois permanents.

Nous croyons en l’avenir de la pêche. Mais elle doit protéger la ressource et se protéger elle-même. L’un des engagements forts du Grenelle de la mer concerne notre contribution à la réforme de la Politique Commune de la Pêche http://ec.europa.eu/fisheries/cfp_fr.htm qui va débuter l’année prochaine. Cette réforme est capitale pour l’économie de nos littoraux. La nouvelle Politique Commune va devoir assurer une pêche durable, par pêcherie, qui prenne en compte des objectifs environnementaux, économiques et sociaux. Bruno Le Maire, Ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche vient de clore les « Assises de la pêche »   dont il vous a présenté les conclusions. J’ai été très attentif à ces débats qui ont eu le mérite d’associer des professionnels, des syndicats, des élus, des ONG et des experts scientifiques. Je crois que ces participants ont convenu qu’il fallait davantage de subsidiarité dans la Politique Commune de la Pêche.

Compte tenu des zones de pêche que fréquentent nos navires, re-nationaliser cette politique n’aurait pas de sens. En revanche, il faut nous appuyer sur une gestion concertée sur le terrain pour définir les moyens d’atteindre les objectifs fixés à Bruxelles, et notamment les mesures techniques. Je sais qu’il y a un consensus fort contre l’idée d’un grand marché européen des quotas de pêche transférables, idée qui est pour le moment en tout cas, portée par la Commission européenne
Les assises de la pêche ont jugé que cette réforme devrait plutôt s’appuyer sur une gestion collective par les organisations de producteurs des droits à produire. Le travail remarquable qui a été conduit par certaines de ces organisations, notamment ici en Bretagne, pour mettre en adéquation la capacité de la flotte et les droits d’accès à la ressource tend à prouver combien la gestion collective peut être efficace et combien elle peut être capable d’assurer la viabilité économique des entreprises. 
Le projet de loi de Modernisation de l’agriculture et de la pêche  l’a pris en compte et va renforcer les moyens juridiques accordés aux organisations de producteurs pour gérer les espèces sous quotas. Je sais aussi que beaucoup souhaitent voir renforcer le rôle de l’expertise scientifique. Le Président de la République l’avait dit en juillet dernier : en matière de gestion des ressources halieutiques, les décisions doivent être prises dans le respect des avis scientifiques. Ces avis, ils doivent être partagés avec les professionnels qui sont aussi des experts de la mer. C’est un des axes de réforme de la Politique Commune de la Pêche.

C’est aussi l’une des propositions du projet de loi de Modernisation de l’agriculture et de la pêche qui prévoit de créer un comité de liaison scientifique et technique des pêches maritimes, qui permettrait de rassembler l’ensemble des experts, y compris les professionnels. J’ajoute, s’agissant de cette question de la pêche, que nous discutons actuellement de l’utilisation du grand emprunt, c'est-à-dire au fond, de notre politique d’investissement d’avenir. Et vous avez pu constater que dans les propositions qui ont été faites par la Commission présidée par Michel ROCARD et Alain JUPPE  , figurent plusieurs sujets en terme de recherche et d’innovation qui concernent la pêche et en particulier la recherche sur les nouvelles motorisations des bateaux. "

Les énergies de la mer

« L’océan est aussi un formidable réservoir d’énergie, qui nous invite à relever un défi technique et économique : développer une filière énergétique compétitive capable d’utiliser les différentes formes d’énergies marines renouvelables. Le mouvement de la masse d’eau et ceux de l’air contiennent une énergie considérable, mais en même temps une énergie difficile à capter parce qu’elle est extrêmement diffuse.

La plupart des technologies purement marines : les éoliennes offshore flottantes, l’énergie hydrolienne, l’énergie thermique des mers, sont des technologies encore balbutiantes et peu d’entre elles ont donné lieu à des démonstrateurs. Leur développement ne peut donc pas se faire sans intervention de la puissance publique. Le président de la République a souhaité que soit mise en place avant la fin de l’année une grande plate-forme technologique sur les énergies marines, avec pour chef de file L’IFREMER , associant tous les acteurs du secteur public et du secteur privé. Eh bien Monsieur le Maire, non seulement je vous ai écouté, mais je vous ai entendu. Et je suis heureux de vous annoncer que cette plate-forme sera implantée ici, au centre IFREMER de Brest , notamment parce que la région Bretagne s’est fortement positionnée sur le développement de ce type d’énergie. Voilà… Même le maire de Toulon applaudit…

Cette localisation permettra à la plateforme de bénéficier d’un environnement industriel et de recherche qui est de premier plan, avec entre autres la présence du « pôle mer Bretagne » et de la moitié du potentiel français de recherche en sciences et technologies marines. Les énergies marines sont extrêmement prometteuses, mais elles ne contribueront que très partiellement à notre objectif d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Et donc en attendant qu’elles prennent le relais d’un certain nombre de dos dispositifs, il faut que nous développions activement l’éolien offshore qui est lui, une technologie déjà mature. D’ici 2020, nous nous sommes fixés l’objectif d’installer 6 000 mégawatts en mer. »

La formation :

« Notre système doit aussi pouvoir offrir un enseignement de haut niveau en matière de construction navale. Cette une fonction est notamment assumée par l’Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées. L’évolution de cette école, dans le cadre renouvelé de l’enseignement supérieur, doit être pour nous l’occasion d’étudier la création d’un master de « Génie maritime » en liaison avec les écoles d’ingénieurs brestoises. Je sais que cela répond à une attente forte de votre part. Les armateurs français ont besoin de recruter rapidement de jeunes navigants, et les industriels ont besoin d’ingénieurs pour développer les navires de demain. »


Les Garde cotes :

« Nous voulons que la France se dote d’une stratégie maritime nationale et qu’elle mette en place une politique intégrée. Dans la prolongation des travaux du Grenelle de la mer, nous avons diffusé auprès des acteurs du monde maritime un projet de Livre Bleu  qui détaille notre stratégie nationale en matière de gouvernance. Dans quelques jours, lors du Comité Interministériel de la mer, ce document fera l’objet d’une approbation gouvernementale. Les missions sont multiples : sécuriser la navigation au large de nos côtes, intercepter les trafics de drogue – notamment dans la mer des Antilles ; maîtriser l’immigration clandestine par voie de mer en Méditerranée ; lutter contre les pollutions ; prévenir les accidents de mer ; protéger la biodiversité marine. Tout cela relève de l’action de l’Etat en mer et recouvre aujourd’hui 45 missions différentes qui impliquent plus de dix départements ministériels. La coordination de l’ensemble des bateaux, des aéronefs, des centres de secours en mer mais aussi à terre est une tâche complexe. Si notre organisation est performante, je veux dire que c’est d’abord grâce à la qualité des hommes et des femmes qui la servent.

La Marine Nationale, la Gendarmerie maritime, les Douanes, les Affaires maritimes, la Police, la Justice, et les Sauveteurs en mer agissent ensemble pour assurer la sécurité de nos concitoyens et la protection de notre environnement. Eh bien pour que cette organisation soit opérationnelle en tout temps, il lui faut une forte gouvernance interministérielle. La responsabilité de l’action de l’Etat en mer est confiée au Premier ministre. C’est une bonne chose. Et j’entends même dire que plusieurs pays nous envient cette organisation. Et donc il n’est pas question de la remettre en cause. Conservons ce qui fonctionne bien ! Mais ça ne veut pas dire pour autant, qu’on ne puisse pas faire mieux.

Je pense qu’on peut optimiser l’utilisation des moyens des différentes administrations. Et pour cela il est nécessaire de passer d’une logique administrative à une logique de mission. J’ai demandé dans cet esprit, que l’on réfléchisse à la création d’une fonction « garde-côtes ». Il ne s’agit pas de créer un nouveau service de l’Etat. Il s’agit d’abord de mettre en place un comité directeur de la fonction garde-côtes qui rassemblera les responsables de toutes les administrations agissant en mer, sous l’autorité du Secrétaire général de la mer. Nous allons créer un centre opérationnel de la garde-côtes, qui rassemblera les données de situation maritime provenant de toutes les administrations. Et nous allons expérimenter dans un premier temps, un centre unique d’action de l’Etat en mer, d’abord en Polynésie, là ou notre zone économique est la plus étendue. Et nous nous servirons de cette expérimentation pour poursuivre l’expérience. Je pense que la fonction de garde-côtes donnera plus de visibilité à l’action de l’Etat en mer, et permettra de mieux dialoguer avec nos partenaires européens. S’il incombe à l’Etat de définir la politique de la mer, il ne peut le faire seul et il doit pouvoir se reposer sur des instances de concertation. »

Le Conseil national du littoral : 


« Le 31 janvier 2008, j’avais eu l’occasion de souligner la place incontournable qu’occupait dans notre politique du littoral le Conseil national du littoral placé sous ma présidence. Aujourd’hui, je crois qu’il faut étendre ses compétences à la mer. Le projet de loi sur l’engagement national pour l’environnement le prévoit. Il est bien évident que la politique de la mer et du littoral, si elle concerne de nombreux partenaires, ne peut se faire sans l’association des élus. Et je veux dire qu’ils auront naturellement toute la place qui leur revient au sein du futur conseil. »




Intégralité du discours  de François Fillon

Visionner le discours  du Premier ministre.






Depuis de nombreuses années les entretiens Science et Ethique, créés par Brigitte Bornemann-Blanc et 3B Conseils  interviennent sur ces sujets essentiels pour la Bretagne, la valorisation de ses territoires, des initiatives publiques ou privées et l’excellence des acteurs scientifiques, économiques, associatifs  qui oeuvrent inlassablement aux cotés des collectivités pour le développement.

Les entretiens qui sont présidés par le Professeur Michel Ricard   et  agissent depuis 2007 dans le domaine des énergies marines, notamment ,  ne peuvent donc que se réjouir de ces annonces et qu’enfin la France décide de se doter des instruments nécessaires pour accélérer la recherche depuis Brest.

Vous pouvez retrouver tous les thèmes traités et les débats des entretiens ICI 
Vous pouvez également consulter le 1er blog francophone sur les énergies de la mer  , créé par 3B Conseils et dont le rédacteur en chef est Francis Rousseau.


Sources : services du Premier Ministre / crédit photo Matignon / RH – 3B Conseils