lundi 24 août 2009

Algues vertes : des mesures immédiates.


Venu constater la propagation de l'algue verte Ulva sp communément appelée Ulve ou laitue de mer sur la plage de Saint-Michel-en-Grève dans les dans les Côtes-d'Armor, le Premier ministre François Fillon a annoncé, le 20 août dernier, que "l'Etat va prendre toutes ses responsabilités et va prendre à sa charge le nettoyage des plages qui sont les plus touchées et sur lesquelles il peut y avoir un risque pour la santé publique".

Les algues vertes se développent surtout entre mai et octobre, lorsque les eaux du littoral se réchauffent. Elles s'échouent sur les plages, et en se décomposant, elles peuvent émettre des gaz toxiques. Les tissus contenant du soufre dégagent ainsi de l’hydrogène sulfuré, gaz très dangereux pour la santé.

"Ces pollutions présentent un danger pour la santé. Une étude a démontré la toxicité de ces algues vertes dans une certaine concentration" a-t-il ajouté en faisant référence à la publication du Rapport, commandé par Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat à l’écologie à l’Institut National de l'environnement industriel et des risques (Ineris) . Cet organisme a pour mission d'évaluer et de prévenir les risques accidentels ou chroniques pour l'homme.

La secrétaire d'Etat à l'écologie présente également à Saint-Michel-en-Grève a confirmé qu'en "certains points, on a constaté des concentrations [d’hydrogène sulfuré] qui étaient deux fois les doses mortelles" .

En effet, les prélèvements d'air sur les amas d'algues vertes en décomposition ont décelé une concentration en hydrogène sulfuré allant jusqu’à 1000 ppmv (parties par million en volume). A ce niveau, la mort est rapide et les méfaits sont de toute façon irréversibles. Car ce gaz s'attaque au système nerveux. Les victimes perdent conscience, montrent des symptômes de détresse respiratoire, souvent suivis d'un œdème. Une concentration de 1000 ppmv relevée à l'endroit où un cheval est mort en juillet dernier, ne s'est présentée qu'à ce seul endroit de la plage où les algues n'avaient pu être ramassées en raison de la qualité du sol vaseux - le sable mêlé aux algues agissant comme une chape, accroît la concentration de gaz.

En d’autres endroits, des taux allant de zéro à 500 ppmv ont été mesurés, confortant les résultats de l’enquête en 2008 du Centre de valorisation des algues (Ceva). Ces niveaux restent élevés et peuvent provoquer des irritations des yeux et des voies respiratoires, ainsi que des maux de tête à répétition.

François Fillon a également fait deux autres annonces :

- la mise en place d'une mission interministérielle qui dans les trois mois devra bâtir un plan d'action pour lutter contre la prolifération des algues vertes et proposer des solutions efficaces de ramassage et de protection de la population ,

- l’expérimentation du ramassage des algues à la fin de l'hiver en mer, en espérant que cette mesure permettra d'éviter de telles proliférations.

Selon Eau et Rivières, 100 sites du littoral breton sont touchés chaque année par le problème des algues vertes et "un milliard d'euros " a été dépensé "en pure perte depuis trente ans par les communes pour ramasser ces algues, les stocker, les éliminer". A titre d’exemple, le coût de ramassage de ces algues serait cette année de 150 000 euros, sur la seule commune de Saint-Michel-en-Grève.

Le phénomène des "marées vertes", apparu il y a une trentaine d'années, est favorisé par les rejets de nitrates dans l'eau, dus à l'agriculture et à l'élevage intensifs, mais aussi à certaines activités urbaines et industrielles. "Nous avons pris avec les agriculteurs des engagements extrêmement précis de réduction considérable des intrants agricoles. Ces objectifs seront tenus", a affirmé M. Fillon.

De fait, une réduction importante des engrais et effluents azotés épandus sur les sols permettrait de réduire les marées vertes. Une diminution des apports a été amorcée depuis 2000 mais les effets sur la prolifération des algues vertes ne sont pas encore sensibles car le temps de réaction des bassins versants peut aller de 2 à 10 ans suivant leur typologie (http://www.ifremer.fr/docelec/doc/2007/publication-2568.pdf). Les résultats des politiques engagées ne sont donc pas spectaculaires pour l’instant.

Visionner la déclaration du Premier Ministre ICI


Sources : Ifremer / Ineris / Services du Premier ministre / photos Ceva / RH - 3B Conseils