Alors que s’ouvre aujourd’hui à Copenhague, la Conférence des Nations-Unies sur le climat à Copenhague et que les « tractations » entre Etats s’intensifient afin de parvenir à des objectifs et des engagements chiffrés des pays industrialisés ou en fort développement, les régions s’impliquent elles aussi dans les réflexions engagées dans le cadre de ce processus de négociations.
C’est ainsi que la Bretagne s’investit depuis longtemps sur ces problématiques du climat, de l’énergie et de la gouvernance, comme en témoigne l’organisation avec les Nations Unies, en 2008 du premier Sommet mondial des régions sur le changement climatique à Saint Malo. De même, elle a soutenu en octobre dernier à Brest les 13èmes entretiens Science et Ethique consacrés aux énergies de la mer et le changement climatique.
Après la table ronde « de l’information à la décision politique » , présidée par M. Réza Salami , conseiller général du Finistère en charge de l’enseignement supérieur et de la jeunesse et adjoint au maire de Brest chargé des affaires internationales lors des entretiens Science et Ethique, dans la même ligne le Conseil économique et social régional de Bretagne (CESR) publie une étude fort intéressante.
Quelles seront, en 2030, les marges de manœuvre des différents pouvoirs en Bretagne dans leur lutte contre le changement climatique mais aussi pour en affronter les effets ?
Avec des conséquences significatives sur la capacité de la Région à « atténuer » ou à « s'adapter » aux effets du réchauffement climatique.
Les scénarii décrits dans cette étude interpellent citoyens et décideurs politiques sur les enjeux qui affecteront la Bretagne en lien avec le changement climatique. L'étude ouvre des pistes de réflexion tout en suscitant des questionnements.
Quelle démarche pour cette étude ?
Cette étude est le résultat d'un travail collectif, qui a impliqué les membres de la Section « prospective » (des conseillers économiques et sociaux et des personnalités extérieures), mais aussi d'autres personnes auditionnées ou contactées.
Ces nombreux échanges, avec des discussions, des débats... ont permis aux membres de la Section de se faire une opinion des différentes problématiques en jeu, puis de faire des hypothèses concernant les évolutions possibles à l'horizon 2030. Les membres de la Section ont ensuite construit plusieurs scénarios en les fondant sur des jeux d'hypothèses, et en discutant de leur mise en cohérence...
Une illustration du travail : le scénario « un pilote pour la planète »
Dans ce scénario, on est en 2030. Il s'est produit, en plus de la crise climatique, une série de crises énergétique économique et financière, alimentaire... Cet enchaînement a suscité une nouvelle gouvernance mondiale, pilotée par un « G30 ». A la différence d'un G192 (ONU), cette gouvernance n'est pas très démocratique : les pays pauvres, en particulier, n'ont pas grand-chose à dire. Le scénario décrit donc une dérive autoritaire, avec un centre décisionnaire très éloigné du « local » : les décisions « tombent d'en-haut ». Le scénario imagine que ce G30 va gérer les conséquences macro-économiques du changement climatique comme les flux migratoires, par référence aux « réfugiés climatiques » - qui, en 2030, ont acquis un statut juridique (ce qui est une autre hypothèse).
Et que devient la Région dans ce scenario ?
Dans ce scénario, l'Etat relaie les décisions du G30, lui aussi de façon autoritaire. Les marges de manœuvre de la Région et des autres autorités locales sont réduites. Même si elle est moins directement touchée que d'autres régions, il n'empêche que la Bretagne doit faire face à des défis liés au changement climatique : l'afflux massif de nouveaux arrivants (réfugiés climatiques, arrivants venant du sud de la France), les risques liés aux impacts du changement climatique sur la mer et le littoral (en 2030, le niveau de la mer s'est élevé accroissant le risque d'érosion, de submersion des zones basses, de salinisation des nappes phréatiques littorales...), les conséquences sur les activités économiques (l'agriculture, la pêche, la foresterie, par exemple, ont du s'adapter)...
Quels sont les enseignements à tirer de ces différents scenarios pour la Région Bretagne?
10 enseignements qui sont avant tout des questionnements sont mis en avant. La problématique de l'adaptation, par exemple, parait insuffisamment prise en compte aujourd'hui. On parle de lutte contre le réchauffement climatique mais on ne parle pas ou très peu de l'adaptation aux impacts et autres conséquences du changement climatique. Il y a bien sûr de nombreuses raisons à cela... L'étude préconise donc la mise en place d'une observation des impacts en Bretagne et le développement d'études territorialisées (certaines sont en cours comme le projet de recherche « Climaster »).
Des leviers d'action ont également été identifiés à l'échelle régionale. Que ce soit pour atténuer les effets du changement climatique ou pour s'y adapter, il est nécessaire de favoriser la mobilisation de la société, par l'information, la sensibilisation, la formation, le développement de la culture scientifique... ce sont quelques uns des leviers que la Région est en capacité d'activer, et cela dès à présent.
Consulter le rapport
Enfin, à Copenhague on suivra également avec intérêt l’action de Ronan Dantec , vice-président de la communauté urbaine Nantes Métropole et co-président du groupe de travail climat d’Eurocities, réseau de villes européennes engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique et qui représentera à Copenhague les collectivités locales.
Voir également l'article du blog défense et Environnement
Sources : CESR / Photo Christine Naud / RH – 3B Conseils