lundi 17 octobre 2011

Journées découverte 2011 "Histoire d'algues en Pays d'Iroise"

C'est en 2009 au Conquet et à Lanildut que s’est déroulé la première « Journée Science et Ethique découverte » sur le thème des algues, visant à présenter aux scolaires une activité économique qui s’est développée dans ces deux communes du littoral autour de la pêche et de l’exploitation du champ d’algues de l’archipel de Molène. 

Voir les vidéos des journées découverte au Conquet réalisée par l'école Saint-Joseph du Conquet.

Impliquer les scolaires dans leur « Histoire d’algues »

Après ce premier succès, deux nouvelles journées découverte sur les Algues - proposées par l'APESTDD présidée par le Professeur Michel Glémarec - vont se dérouler les 3 et 4 novembre 2011.

Ces journées se tiendront avec le soutien de la Région Bretagne, du Conseil général du Finistère, de la Communauté de communes du Pays d'Iroise (CCPI) des communes de Lanidult et du Conquet et de la Chambre syndicale des algues et des végétaux marins notamment.




Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre des entretiens « Science et Ethique ou le devoir de parole » créés par 3B Conseils en 1997 à Brest. Cette année, les 15e entretiens se dérouleront les 17 et 18 novembre 2011 à Océanopolis et auront pour thème « Energies bleues pour une croissance verte ? ».




Un enjeu économique et social
Les algues sont un enjeu économique et social important pour les communes qui bordent le Parc marin d’Iroise et d’une manière générale pour les activités pharmaceutiques, cosmétiques et alimentaires.

L'objectif de ces Journées sera notamment de faire 

 découvrir aux scolaires le rôle important que revêt le plus grand champ d’algues européen de l’archipel de Molène site de reproduction, d’alimentation pour la faune exploitée par les hommes et ressource en matière première pour l’industrie chimique. 
Dans d’autres sites, des micro-algues seront exploitées pour les énergies du futur comme bio-carburant.

Au programme des 3 et 4 novembre :
à Lanildut
- Accueil à la 
La Maison de l’Algue (*) sur le thème : « Qu’est ce qu’une algue ? Comment la récolte-t-on ? » (et présentation des termes en breton).
- Découverte du port de débarquement des algues.
- Dégustation offerte par la commune de Lanildut de pains aux algues et beurre aux algues.

au Conquet
- Parcours de la cale à l'usine d'iode avec l'association Aspect.
- Rencontre-discussion animée par Anne Mérer à la Maison de retraite du Streat Hir avec les derniers ouvriers de l’usine d’iode sur la transmission du savoir, des traditions et des techniques de travail ancestrales de la filière « Algue » Une rencontre intergénérationnelle avec ceux qui l’ont connue de manière artisanale ou semi-industrielle .
- Marcel Quellec, adjoint au maire du Conquet, chargé de l’agenda 21 et de la culture, évoquera le Plan Climat-Energie et l’agenda 21.
- Rencontre avec Michel Glémarec, biologiste, spécialiste des algues et auteur du livre « La Biodiversité littorale vue par Mathurin Méheut »(**)
- Exposition à l’Espace Tissier de cartes postales de l’association « Cartophiles du Finistère », présidée par Jean Quinquis, prêt de Henri Thépaut .
- Déjeuner pique-nique au Village-vacances Beauséjour


Pour préparer les Journées « découverte »
plusieurs possibilités sont offertes aux enseignants comme base de travail :
- La plate-forme collaborative Science et Ethique : avec accès privilégié pour un meilleur échange entre enseignants, partenaires et organisateurs.
- le site des entretiens Science et Ethique
- le Portail Mer-veille dédié aux énergies de la mer (sur abonnement)
- le blog des énergies de la mer
- le blog Science et Ethique et Science
- la TV web des entretiens et des Webtrotteurs : des lycéens et collégiens de Kérichen et Vauban
- l’exposition « Les énergies de la mer : l’Or bleu », créée par 3B Conseils.
- l’Espace des sciences à Rennes.

Les algues Qui sont-elles ? Faisons un peu connaissance…

A l'origine du premier oxygène biologique de notre planète, microscopiques ou géantes, souvent de mœurs peu communes, les algues n'hésitent pas à vivre en symbiose avec d'autres organismes végétaux ou animaux.

Il en existe plus de 25.000 espèces et elles sont à l’origine de la première forme de vie terrestre. Elles produisent aujourd’hui plus de la moitié de l’oxygène de notre planète, se gorgeant de l’énergie solaire et des richesses du milieu aquatique.

Elles ont le pouvoir de concentrer jusqu’à cinquante mille fois la plupart des oligo-éléments présents dans l’eau de mer (cuivre, zinc, fer, magnésium, manganèse, potassium…).

Nourricières, elles forment les premiers maillons de nombreuses chaînes alimentaires mais elles peuvent aussi être toxiques, voire mortelles en cas de déséquilibre de l'environnement. Cueillies à l'état sauvage ou cultivées à grande échelle, les algues entrent en force dans notre quotidien.
Nous en consommons tous… souvent sans le savoir !


Les Algues et le Parc naturel marin d'Iroise

Situé dans le Parc marin d’Iroise, le champ d'algues de Molène est le plus important d’Europe, reconnu aussi comme l’un des plus diversifiés. Il fait actuellement l’objet d’une surveillance et d’un examen attentif par les scientifiques et selon les observateurs du Parc, il se porte bien – a contrario de celui de Bretagne-Sud qui connaît une certaine régression.

Le Parc marin d’Iroise a initié un programme ambitieux pour mieux connaître son champ d'algues, situé à la jonction des eaux froides du nord et des eaux chaudes du sud. Cette situation particulière lui confère également une diversité étonnante où cohabitent des algues venues de Norvège (laminaria digitata et hyperborea) et du Portugal (saccorhira polyschides).

Cette richesse l’est aussi au niveau de la biodiversité, le champ d’algues constituant un habitat pour de nombreuses espèces comme les dauphins ou les phoques témoignant de la bonne qualité du milieu.

Le programme du Parc marin pour connaître le champ d'algues de Molène mobilise d’importants moyens comme une cartographie complète, réalisée avec le Service hydrographique de la Marine (SHOM) à partir d'un avion capable de balayages électroniques sur 240m de largeur et jusqu'à 20m de profondeur. A cela s’ajoutent des levées bathymétriques avec l’Ifremer et des actions de terrain menées par les agents du parc.


Cette « radiographie » du champ d'algues doit permettre d'observer son évolution et de prendre, si besoin, des mesures d'adaptation pour en assurer le caractère durable. Cette gestion responsable pour la préservation de la ressource engage une collaboration entre scientifiques, professionnels et élus représentés au sein du Parc marin.

Cette bonne vitalité du champ d’algues de Molène se retrouve également dans son exploitation goémonière depuis plus de 170 ans. Le port de Lanildut, situé sur le territoire de la Communauté de communes du Pays d’Iroise (CCPI) est d’ailleurs le premier port européen de débarquement des algues.


Cette exploitation permet une extraction chaque année de 50.000 tonnes de laminaria digitata, algue située à un niveau peu profond (jusqu'à cinq-six mètres) au moyen du « scoubidou ». Cependant, la demande de laminaires, pour la cosmétique ou l’alimentaire notamment, étant en croissance exponentielle, les goémoniers sont passés à l'exploitation de l'espèce hyperborea que l'on trouve jusqu'à 30 mètres de profondeur, avec une récolte de 12.000 tonnes effectuées au moyen du procédé dit du «peigne».

Quelques repères pour mieux connaître les algues :


Sur les 16 millions de tonnes d’algues produites chaque année dans le monde, près de 80% sont utilisées en alimentation humaine, représentant une valeur économique d’environ 8 Md $.

L’Europe utilise les algues depuis des siècles dans des applications industrielles ; leur utilisation pour l’alimentation humaine et la nutrition santé est un secteur en croissance. En Bretagne notamment, les algues alimentaires représentent un potentiel important, en phase avec les axes de développements stratégiques de la région.

L’intérêt croissant des consommateurs est suscité par les nombreuses qualités nutritionnelles de ces algues dont les compositions sont très différentes des végétaux terrestres. Afin d’assurer la sécurité alimentaire, une réglementation a été mise en place. Elle comporte une liste d’espèces et de groupes autorisés à la consommation humaine et des recommandations sur les limites acceptables de certains contaminants : métaux et constituants : iode.

- La filière algue française réalise un chiffre d’affaire d’environ 150 millions d’euros, elle emploie 1000 personnes dont 240 récoltants professionnels.


- La France est aussi le deuxième producteur mondial de carraghénanes (E 407), le cinquième producteur mondial d’alginate (E 400, 401, 403, 402, 404, 405) et le huitième producteur d’agar 
(E 406) avec 60 000 tonnes d’algues fraîches déchargées.


- Lanildut est le premier port goémonier européen de déchargement des algues en France, avec 30 000 tonnes annuels de laminaires sur les 45 000 tonnes débarquées en Bretagne.
Relire également l'article du blog du 03/07/2010 sur la radiographie du champs d'algue de Molène


(*) La maison de l’algue à Lanildut
Centre d'interprétation de l'algue, la Maison de l'Algue, vient d'être réaménagée dans un espace d'environ 100 m 2 (le nouvel espace est ouvert depuis le 25 juin 2011) avec une nouvelle scénographie, trouve sa place. Cet espace a pour but de donner aux visiteurs des clés pour mieux comprendre le paysage du port, d'informer le grand public sur la filière des algues et le sensibiliser aux enjeux actuels et futurs auxquels elle est confrontée.

Le bâtiment comprend deux expositions : une exposition permanente, avec trois séquences et une salle vidéo, et une temporaire, qui reçoit actuellement une exposition du parc naturel marin d'Iroise, Bleu Iroise, mer vivante.
Des panneaux de l’exposition « les énergies de la mer : l’or bleu » réalisées par 3B Conseils sont présentés au public.


La Maison de l’Algue présente ces expositions ludiques qui retrace la place des algues dans le monde vivant, permet d’identifier les différentes familles d’algues, les zones de récolte, et de mesurer l’importance nationale du champ d’algues de la Mer d’Iroise.

Elle offre également la possibilité de revivre l’épopée des goémoniers d’autrefois en découvrant leurs bateaux, leurs outils de travail, mais aussi des maquettes,des films et des photographies qui témoignent de l’âpreté de leur vie quotidienne. La visite des 11 fours à goémon encore visibles à Lanildut aide à mesurer l’ancienneté de ce métier sur la commune.
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Dans la Maison de l’Algue, des fiches et ateliers pédagogiques sont proposés gratuitement aux petits comme aux plus grands : découverte de l’utilisation traditionnelle des algues ainsi que celles d’aujourd’hui, identification des algues, initiation à la cuisine aux algues, réalisation d’un herbier marin ou d’un tableau d’algues…!

(**) « La Biodiversité littorale vue par Mathurin Méheut » textes du Pr Michel Glémarec (Editions Le Télégramme, 2010).
Révéler la Biodiversité littorale, c’est d’abord reconnaître les habitats caractéristiques de nos mers à marée en milieu tempéré. Leur définition, dans un cadre scientifique à l’échelle européenne, tient compte des avancées récentes de l’écologie marine.
Ces milieux permettent la cohabitation de nombreuses espèces végétales et animales.

Il y a un siècle, Mathurin Méheut, artiste peintre, avait mis en scène les espèces qu'il voyait sur la côtes de Roscoff avec les conseils de scientifiques de la Station biologique de Roscoff.

Celles-ci sont magnifiquement illustrées par Méheut dans « l’Etude de la mer » publiée en 1913. Cette œuvre remarquable est revisitée, valorisée, parce qu’elle apparaît au grand jour pour illustrer les aspects écologiques de ce qu’est la biodiversité littorale.

Ainsi, dans son livre qui mêle art et science, Michel Glémarec réorganise l'œuvre de Mathurin Méheut pour la présenter par habitat. Les peintures de Méheut présentent les caractéristiques de ces milieux avec les différentes espèces, les couleurs contrastées et les mouvements des algues...


Pour Michel Glémarec, la biodiversité se mesure en nombre d'espèces évidemment mais pas seulement. Il est important de les replacer dans leur habitat. Ainsi au moment de la traduction dans les textes français de la Directive européenne Natura 2000, Michel Glémarec a travaillé à la définition, dans un cadre scientifique et à l'échelle européenne, de ces habitats marins.
Ce travail a permis d'identifier par la suite les habitats "fragiles" ou "menacés" et ainsi de pouvoir définir des "zones Natura 2000" au sein desquelles vont être mis en place des plans de gestion.


Pour aller plus loin sur la biodiversité du littoral :

- Retrouvez notamment les archives des entretiens Science et Ethique 2006 : "La biodiversité du littoral"

Rappel : Le dialogue et le partage des connaissances indispensables pour préserver et exploiter durablement les ressources nécessitent des décisions politiques locales, européennes et internationales qui soient mieux comprises.

Les 10e entretiens Science et Ethique, avaient « repéré » des recherches, des techniques, des expériences françaises, européennes et mondiales, qui modifient notre perception de la biodiversité.

Comment vivons-nous ces moments de transformation qui doivent permettre aux futures générations de poursuivre l’exploitation des ressources du littoral ?




Article RH 3B Conseils
Sources : Commune de Lanildut / Maison de l'Algue / entretiens Science et Ethique
Photos : Commune de Lanildut / Maison de l'Algue / Science et Mer