mercredi 3 novembre 2010

Le Pacte électrique breton



La question de l’approvisionnement énergétique de la Bretagne réapparaît d’une manière récurrente chaque année avec l’arrivée des premiers froids et nul ne peut plus vivre comme si les ressources en énergies fossiles - pétrole et gaz - étaient infinies.

La production régionale est faible et ne couvre que 8 % des besoins énergétiques. Située en bout de « ligne » les menaces de délestage lors de périodes de surconsommation électrique sont réelles.

La Conférence bretonne de l’énergie - instance de concertation regroupant la plupart des acteurs publics - a été réunie pour la première fois au début de l'année 2010 sous l’égide de l’Etat et de la Région Bretagne.

Lors de sa réunion du 6 juillet dernier le Préfet de Région et le Président du Conseil régional ont proposé à l’ensemble des partenaires d’entrer dans une démarche opérationnelle d’élaboration d’un Pacte électrique breton autour de trois axes indissociables que sont :
_ la maîtrise de la demande en électricité,
_ le renforcement du développement des énergies renouvelables,
_ la sécurisation de l’alimentation électrique.


Lors de sa session des 21 et 22 octobre 2010 le Conseil régional de Bretagne a adopté son « pacte électrique breton » : un programme d'économies d'énergie et de production durable pour sécuriser le réseau breton que le président Le Drian appelle aussi le « triskell breton ».
Ce « triskell » c’est :
- un projet d'économies d'énergie en particulier auprès des particuliers ;
- un programme de développement des énergies renouvelables (solaire, éolien sur terre, et en mer) ;
- la construction d'une centrale thermique au gaz près de Brest, d'une puissance de 450 mégawatts.

Ce denier volet du Pacte électrique breton fait débat !


Pour ce qui concerne la maîtrise de la demande en électricité - MDE, un groupe de travail d’experts a élaboré des propositions à partir de deux contributions principales :
- d’une part, les perspectives d’évolution de la consommation électrique et les scénarii de MDE retenus par Réseau de Transport d’Electricité (RTE),
- d’autre part, les perspectives de déploiement à une échelle régionale des différentes actions menées dans le cadre de l’opération expérimentale « Vir’Volt » conduite sur le pays de Saint Brieuc.

Le scénario de « MDE renforcée », a retenu lequel conduit à une économie de consommation de 950 GWh à l’échéance 2015, et de 1200 GWh à l’échéance 2020 par rapport au scénario de référence. Cette économie correspond à une division par 2, puis par 3, aux échéances respectives de 2015 et 2020, du taux actuel d’augmentation de la consommation bretonne d’électricité.

Pour atteindre ces objectifs, il est proposé dans le projet de pacte plusieurs types d’actions :
_ l’engagement des filières professionnelles (bâtiment, agroalimentaire, industrie, …)
_ la sensibilisation aux modes de chauffage alternatifs à l’électrique, notamment pour la construction neuve
_ l’effacement diffus de la consommation
_ la rénovation thermique des logements
_ l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments d’élevage
_ le déploiement des Certificats d’économie d’énergie par sollicitation des obligés (énergéticiens, distributeurs de carburant…) pour des engagements sur des actions ayant un impact sur la consommation d’électricité
_ la sollicitation d’acteurs économiques non-obligés (entreprises ou réseaux d’entreprises fortement implantés dans les territoires…)
_ le lancement d’appels à projets « économies d’énergie » spécifiques à la Bretagne



S’agissant du «développement des énergies renouvelables – EnR- », le groupe d’experts s’est attaché à identifier les perspectives de déploiement des énergies renouvelables aux horizons 2012, 2015 et 2020.
Découlanr de ces propositions, la Conférence bretonne de l’énergie du 24 septembre 2010 propose de retenir un objectif de puissance installée de production d’énergie renouvelable de 3 600 MW à l’horizon 2020, correspondant à une production globale d’électricité de 8 800 GWh.

La part d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables par rapport à la consommation bretonne passerait ainsi de 7 % (référence 2009) à 34 % en 2020. Il convient de noter que l’énergie éolienne –terrestre et offshore- en constitue la part essentielle, avec un objectif de 1.800 MW pour l’éolien terrestre, qui correspond à un doublement de la production actuelle, et un objectif de 1.000 MW pour l’éolien offshore, incluant l’éolien posé et les premier parcs éolien flottant. Ces objectifs sont certes ambitieux mais néanmoins atteignables et se doivent d’être à la hauteur des enjeux.

Pour atteindre ces objectifs, la Région Bretagne propose d’inscrire également dans le Pacte un certain nombre d’actions opérationnelles permettant d’atteinte des objectifs ambitieux, dans un contexte ou l’acceptabilité sociale est souvent source de difficultés pour l’implantation des projets.
Il s’agit notamment :
_ de planifier le développement des énergies renouvelables conformément au Grenelle de l’environnement :
· en élaborant le schéma des EnR en Bretagne
· en accompagnant les projets territoriaux
· en facilitant l’acceptabilité des projets sur les territoires
· en fluidifiant les procédures administratives


_ d’adapter à la spécificité bretonne les procédures nationales telles que:
· l’appel d’offres « Biomasse 4 » de la CRE
· l’appel d’offres « éolien en mer »
· l’appel à projets « méthanisation » de l’ADEME


_ d’accompagner les porteurs à l’aide du fonds d’investissement dédié que le Conseil régional a initié en 2009.


Le troisième axe du Pacte concerne la sécurisation de l’alimentation électrique, avec deux éléments complémentaires à prendre en compte que sont la sécurisation du réseau de transport et le besoin d’assurer un niveau de sûreté de production d’électricité à tout instant.

Le groupe de travail de la Conférence bretonne de l’énergie a d’abord pris acte des travaux des groupes « MDE » et « EnR » et a considéré que si le scénario MDE renforcée permet d’infléchir la courbe d’augmentation de la consommation, celui reste malgré tout à un niveau élevé.

Par ailleurs le groupe estime que le développement des EnR devrait permettre de couvrir un tiers environ de la consommation d’électricité à l’horizon 2020. La multiplication progressive des sources de production permet de prendre en compte une partie de cette production, mais dans des limites relativement restreintes. Le développement de moyens de productions délocalisées, telles que la cogénération, a été abordé comme des réponses possibles a des besoins complémentaires en semi base ou en pointe. Les mécanismes d’effacement diffus de la consommation ont également été intégrés dans la réflexion et pour l’analyse des différents scénarios.

Pour autant, toutes ces solutions dont la mise en œuvre est à décliner sur plusieurs années ne permettront pas selon les experts de la Conférence bretonne d’assurer un niveau de sécurité suffisant pour faire face à l’augmentation des besoins en consommation, notamment en période de pointe.

C’est donc sur la base de cette analyse, que le Pacte propose d’inscrire diverses mesures comme :
_ le développement d’un réseau intelligent et du stockage (Recherche & Développement) relire l'article du blog du 5 févier 2010

_ la mise en place d’un moyen de production complémentaire, de type « cycle combiné gaz », d’environ 450 MW, pour un appoint de production locale permettant de soutenir le réseau, avec une implantation optimale le plus à l’ouest possible de la Bretagne.

Cette dernière option de centrale à gaz dans la périphérie brestoise fait l’objet d’un débat chez les élus régionaux.

Pour en savoir plus sur les enjeux énergétiques de la Bretagne retrouvez les débats des 14è entretiens Sciences et Ethique 2010 « Energies, Villes et ports de demain » et les archives des éditions précédentes.

Article RH 3B Conseils
Sources Région Bretagne / entretiens Science et Ethique