Le blog propose une veille internationale et régionale sur les sujets traités par les entretiens dédiés aux énergies de la mer dans le cadre de "Science et Ethique ou le devoir de parole" (technologies marines, énergies, aménagement du territoire, économie de la mer…). Il permet de suivre les principales évolutions des politiques maritimes à travers l'actualité médias.
mercredi 26 mai 2010
La lutte contre les algues vertes en Bretagne… suite
Dans l’article du blog du 28 avril 2010, nous évoquions l’ouverture de la campagne de ramassage des algues vertes en Côtes d’Armor et les demandes pressantes des élus locaux (Plestin-les-Grèves, Trédrez-Locquémeau, Tréduder et Saint-Michel-en-Grève) de voir l’Etat s’engager résolument sur le plan financier….
l’Etat ayant reconnu sa responsabilité, ils souhaitaient qu’il assume dès lors la charge intégrale des sommes qui vont être mobilisées pour cette campagne.
En effet, l’enveloppe dévolue aux opérations de ramassage des algues vertes par l’Etat n’est que de 700 000 € pour toute la Bretagne or, le seul coût du ramassage et du transport dans la Baie de Lannion est en effet estimé à 323 000 €.
Or, au terme des conclusions du rapport de la commission interministérielle il est prévu que l’Etat n’en finance que la moitié. Cette répartition déjà jugée insuffisante aux yeux des acteurs locaux, ne pourra sans doute pas être tenue selon eux.
Mais pour l’État c’est non ! celui-ci refuse de revoir à la hausse sa participation au financement du ramassage des algues vertes sur le littoral. A ce jour 3700 tonnes ont déjà été recueillies contre 1700 tonnes sur la même période il y a un an (en mai 2009).
Les maires des quatre communes concernées qui voient ainsi leur recours gracieux rejeté, envisagent désormais la saisine du tribunal administratif pour obtenir gain de cause.
Pour les Côtes d’Armor cette gestion risque de se révéler d’autant plus problématique en termes financiers notamment que les Baies de Lancieux et de La Fresnaye font actuellement l’objet d’une observation particulière quant à la prolifération des algues vertes.
Le ramassage des algues en mer
Il convient de rappeler que les algues vertes se développent surtout entre mai et octobre, lorsque les eaux du littoral se réchauffent. Elles s'échouent sur les plages, et en se décomposant, elles peuvent émettre des gaz toxiques. Les tissus contenant du soufre dégagent ainsi de l’hydrogène sulfuré, gaz très dangereux pour la santé.
Le phénomène des "marées vertes", apparu il y a une trentaine d'années, est favorisé par les rejets de nitrates dans l'eau, dus à l'agriculture et à l'élevage intensifs, mais aussi à certaines activités urbaines et industrielles.
De fait, une réduction importante des engrais et effluents azotés épandus sur les sols permettrait de réduire les marées vertes. Une diminution des apports a été amorcée depuis 2000 mais les effets sur la prolifération des algues vertes ne sont pas encore sensibles car le temps de réaction des bassins versants peut aller de 2 à 10 ans suivant leur typologie. Les résultats des politiques engagées ne sont donc pas spectaculaires pour l’instant.
A l’issu de son déplacement en Côtes d’Armor durant l’été 2009 le Premier ministre avait donc annoncé l’expérimentation du ramassage des algues en mer, en espérant que cette mesure permettra d'éviter de telles proliférations.
Le chalutage des algues vertes en rade de Brest.
Le plan de l'État en Bretagne (article du blog du 4 février 2010)qui se décline autour de trois axes (la gestion les algues échouées, la réduction des flux de nitrate vers les côtes et l’amélioration des connaissances du phénomène) prévoit de tester le ramassage des algues vertes en mer, notamment dans l'anse du Moulin-Blanc où BMO ramasse entre 200 à 300 tonnes par an sur la plage. Selon les années, de 300 tonnes en hiver à 3.000 tonnes en été sont présentes dans les eaux du Moulin-Blanc.
Brest Métropole Océane vient de tester au cours du mois d’avril cette mesure de récupération en mer. Pour son vice-président chargé de la rade et du littoral Thierry Fayret, BMO en avait déjà l’idée depuis plusieurs années mais, «il fallait trouver les partenaires et les subventions», ce qui a pu être réalisé en lien avec l’Ifremer, le Ceva (Centre d'étude et de valorisation des algues) et le comité local des pêches.
Thierry Fayret insiste également sur la volonté du Sage de l'Elorn (Schéma d'aménagement et de gestion de l'eau) dont il assure également la vice-présidence de parvenir d’ici à 2021, à 22mg d'azote par litre contre 34 à 35. Cependant le seuil de disparition pour les algues vertes s’établit à 10mg. Il faut donc pour lui agir sur les deux tableaux de façon concomitante et continuer de « considérer la baisse des nitrates et des phosphates comme le plus important».
Pour le ramassage en rade de Brest, l’option choisie a été de chaluter les algues au moyen d’un cadre métallique et d’un filet positionnés à l’arrière d’un bateau, en effectuant des traits au fond. Puis de les emmener dans le chenal de l'Élorn où, larguées à plus de vingt mètres de fond, et sans luminosité, elles devraient péricliter.
Les tests du mois d’avril effectués avec deux bateaux sur quatre jours ont permis de « récolter » 100 tonnes. Reste cependant à valider le fait que ces les algues plongées au fond, dans le chenal, finissent bien par se décomposer et ne sont pas déplacées par les flux.
Affaire à suivre…..
Sources : BMO / Télégramme / RH - 3B Conseils