lundi 10 mai 2010

Des navires de dépollution bretons sur la marée noire en Louisiane ?



Retour sur l’accident


Le 20 avril 2010, à 80 km des côtes de la Louisiane, la plateforme pétrolière exploitée par British Petroleum (BP) « Deepwater Horizon », subit une explosion majeure et prend feu. Cet accident fait 17 blessés et 11 disparus, les 115 autres personnes présentes étant évacuées par les Coast Guards américains.

Deux jours plus tard, alors que d’importants moyens de lutte antipollution sont rapidement dépêchés sur place, la plateforme sombre et les observations réalisées par les robots sous-marins téléopérés font état de ce que 159 m3 pétrole brut s’échapperaient quotidiennement du riser situé à une profondeur de 1 500 m. Quelques jours plus tard, ces estimations initiales sont révisées à la hausse. Les fuites seraient cinq fois plus importantes que prévu, avec 800 m3 de pétrole brut.

Le 23 avril, les hydrocarbures déversés forment déjà en surface une nappe de 1,6 km de large sur 8 km de long. Trente deux navires et 5 aéronefs sont mobilisés pour épandre des dispersants et mettre en œuvre des récupérateurs.

Le 25 avril , la reconnaissance aérienne révèle des irisations s’étalant désormais sur une surface de 32 km² et contenant du pétrole brut émulsifié.

Le 28 avril, des essais de brûlage in situ avec des barrages anti-feu sont réalisés puis vite interrompus par de forts vents sur la zone. Cette option présente en outre l’inconvénient de générer d’épaisses fumées très polluantes et de laisser des résidus flottants. Ce même jour, les vents rabattent les nappes vers les côtes de la Louisiane qui constituent une zone particulièrement sensible d'un point de vue écologique (*) mais aussi économique.

Le 29 avril, les premières plaques touchent des marais proches de l'embouchure du Mississippi.
Le 30 avril, après la Louisiane, c’est au tour de l’Alabama, de la Floride et du Mississippi de décréter l’état d’urgence. Parallèlement, le gouvernement fédéral des Etats-Unis déclare cette pollution "catastrophe nationale".

Le 1er mai, la superficie de la nappe est évaluée à 1 500 km2, soit la taille d'une grande agglomération comme Londres. Depuis le 2 mai, la pêche est interdite dans les eaux fédérales impactées par la pollution. BP envisage alors de contracter avec les pêcheurs pour qu'ils déploient des barrages flottants le long du littoral.
Les 5 et 6 mai, des conditions météorologiques favorables ont permis la reprise d'opération de brûlage de fragments de nappe.

En parallèle du traitement des effets, la lutte s’organise également pour enrayer la source du problème. Pendant plusieurs jours, quatre robots sous-marins ont tenté de fermer le bloc obturateur du puits qui aurait dû se déclencher automatiquement. Deux autres actions sont maintenant conduites en parallèle : couvrir le puits et le tuer.
La fabrication de deux coffrages métalliques de plus de 100 tonnes a été achevée en Louisiane, visant à être descendue jusqu’au plancher océanique de façon à « coiffer » la fuite principale située à 1 500 m de profondeur et capter vers la surface 80 % du pétrole s’échappant du gisement mais cette opération engagée semble rencontrer des difficultés opérationnelles.


Suivre les observations et mesures effectuées sur la pollution, sur les sites Air Now et pour les images satellitaires.

L’intervention de la technologie française ?

Nous évoquions dans un article de ce blog en date du 7 mai 2009 le développement par Ecocéane, société installée à Paimpol et spécialisée dans les navires de service et de dépollution, du bateau Catamar.

Des contacts sont actuellement en cours, entre Ecocéane, l’ambassade des Etats-Unis et le ministère français des Affaires étrangères et le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM), afin de venir en aide aux Etats-unis pour contrer la marée noire. Dans cette perspective et si les accords sont conclus, neuf navires d’Ecocéane pourraient y participer.
Chez Ecocéane, on confirme les discussions en cours, les navires n’attendraient que le signal de départ pour partir en Louisiane.


(*) Plus de 600 espèces animales, en particulier le pélican brun et une tortue des mers déjà en danger, sont menacées par la nappe.
134 espèces d'oiseaux au total sont menacées, de même que 445 espèces de poissons, 45 mammifères et 32 reptiles et amphibiens -alligators, grenouilles et serpents des mers -, selon les autorités du Département de la vie sauvage et des pêches de Louisiane. Le grand dauphin, le lamantin et différentes baleines risquent aussi d'être affectés de même que les coyotes, renards et ratons laveurs dont les habitats pourraient être pollués.


Relire également l’article du 17 décembre 2009 sur le Cedre (centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux).





Rappel : après le naufrage et la marée-noire de l'Erika, les entretiens Science et Ethique 2000, ont eu pour thématique les pollutions qui affectent les écosystèmes du littoral sur le plan maritime et terrestre, sur le thème "Vagues de pollutions: impacts et prévention des pollutions marines et telluriques sur les écosystèmes marins côtiers et révision de la loi sur l'eau".

Sources : Cedre / Ecocéane / RH – 3B Conseils
photo US Coast Guards