Le nombre et les volumes de produits chimiques transportés par la voie maritime n'ont pas cessé de croître depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La perspective pour les prochaines décennies reste orientée dans le sens de la croissance, avec des navires pas nécessairement plus nombreux, mais de capacité accrue.
La question des risques liés a pris, au fil des ans, une acuité évidente, et le dernier forum de recherche et développement de l'Organisation maritime internationale (OMI) a tout naturellement porté sur la question de savoir si l'accident chimique était devenu plus probable et potentiellement plus grave qu'une pollution pétrolière majeure.
Le livre «Pollutions chimiques accidentelles du transport maritime» (éditions Quae) est le fruit des deux auteurs Brestois, Michel Girin (*) et Emina Mamaca (**). Au travers de cet ouvrage ils visent à montrer ce qu'est la situation aujourd'hui, à partir de l'analyse des connaissances existantes, de la réglementation en vigueur et du retour d'expérience de cinquante-six accidents intervenus à travers le monde depuis trente ans.
Michel Girin et Emina Mamaca, sont allés plus loin, dans ce livre inventaire, avec des retours d'expérience, qui ne prétend pas éviter une crise mais éventuellement la limiter, «en évitant la reproduction d'une erreur passée».
Les auteurs qui révèlent que depuis 40 ans, 150 déversements en mer de produits chimiques ont été répertoriés (dont une faible partie seulement a fait aussi l'objet de documentation) indiquent qu’une des difficultés pour cerner les produits chimiques réside dans leurs différences, plus grandes que ce qui existe chez les hydrocarbures.
« Certains produits ne deviennent aussi dangereux que sous certaines conditions. Et la connaissance peut éventuellement n'être que partielle ». Si en quantité, les pollutions chimiques restent moindres par rapport à celles par hydrocarbures. En impacts comparés, les auteurs restent assez prudents : «En l'état des connaissances, le risque semble moindre avec les produits chimiques». Avec ce bémol toutefois : la chimie n'a pas de fonds affecté comme le pétrole (FipoL) et la portée des études peut être minimale ».
Les thèmes abordés par cet ouvrage très documenté sont notamment :
- La lutte contre les pollutions
- La connaissance des produits
- Les minerais, métaux et sels métalliques
- Les produits alimentaires et de la filière du bois
- Les matières premières de fertilisants
- Les liquides corrosifs
- Les produits de la pétrochimie
-Les gaz liquéfiés
- Les produits conditionnés
- Le tout conteneurisé
- Quelques déversements continentaux
- Les risques et les impacts
(*) Michel Girin, docteur d'État en biologie marine, a rejoint le monde de l'antipollution après dix ans de recherche en écologie et en aquaculture et vingt ans de consultance internationale.
Actuellement conseiller du Cedre, il a dirigé cet organisme de 1995 à 2008, vivant en première ligne, auprès des autorités responsables, les crises des pollutions pétrolières de l'Erika et du Prestige, les naufrages des chimiquiers levoli Sun et Ece....
Par ailleurs rappelons que Michel Girin est intervenu lors des entretiens Science et Ethique 2000 « Vagues de pollution ». Retrouvez ICI son intervention.
(**) Emina Mamaca a débuté sa carrière scientifique par une thèse de chimie, soutenue à l'université de Bretagne occidentale (UBO), pour un travail sur les pollutions par produits chimiques et huiles végétales, réalisé au Cedre.
Elle a travaillé quatre ans à l'Ifremer et est actuellement dans l'équipe du projet européen Euro-Argo.
Sources : Editions Quae / Le Télégramme / RH 3 B Conseils