Depuis 5 ans, Tara réalise des expéditions en faveur de l’environnement. La dernière en date : 18 mois de dérive sur la banquise.
Ancré à Lorient, face à la Cité de la voile Éric Tabarly , « Tara Océans » reprend la mer le 5 septembre, pour 3 années d’expéditions, après une profonde rénovation (600 000 € de travaux) et l’embarquement de nouveaux matériels scientifiques performants (1,5 million d'euros d’appareils de mesures physiques, chimiques et biologiques), capables de supporter le milieu marin et aussi des températures extérieures très élevées.
En mai 2009, Tara a changé de statut et est devenu un Fonds de dotation (statut très utilisé aux Etats-Unis), structure à but non lucratif, ayant pour objet de financer les recherches scientifiques françaises relatives à l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes, de sensibiliser le grand public aux questions environnementales et de diffuser les données scientifiques à des fins éducatives.
L’expédition française nécessite 3 millions d'euros par an, financés par des fonds privés dont en premier lieu ceux de la créatrice d’Agnès b, laquelle avait déjà financé la quasi-totalité de l'expédition de Jean-Louis Étienne en 2006-2008.
La première année d’expédition comportera 34 escales de Lorient au Le Cap en Afrique du Sud.
L’équipage sera relevé tous les trois mois, comme les quatre membres de l'équipe médias chargée de réaliser trois documentaires grand public. Quant aux scientifiques, leurs vacations seront en moyenne de trois semaines. Avec cinq scientifiques à son bord en permanence et une centaine d'autres qui suivront la mission à terre Eric Karsenti , directeur scientifique de l'expédition, considère qu’ils pourront « étudier en détail toute la chaîne du vivant ».
De fait, durant les trois prochaines années, «Tara Océans» va observer les micro-organismes marins impliqués dans le processus de piégeage et de stockage du gaz carbonique avec notamment la très performante rosette CTD (Conductivity Temperature Depth), mise au point au laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer
Avec une caméra haute résolution reliée à des capteurs qui mesurent la salinité, la température et la profondeur et qui actionnent l'ouverture des bouteilles, nous pourrons récolter une très grande variété d'échantillons», décrit le biologiste marin, directeur de recherche au CNRS . L'appareil peut être immergé jusqu'à 2 000 mètres.
Ainsi, chaque mois, 300 kilogrammes d'échantillons prélevés seront acheminés au laboratoire dont dépend Eric Karsenki, le laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) à Heidelberg en Allemagne,
Les concepteurs du projet expliquent qu’il s’agit d’étudier les planctons présents dans toutes les eaux du globe, afin de mieux comprendre l’écosystème marin et l’impact du changement climatique, de l’acidification des océans sur cette vie sous marine. Ils précisent que « 98 % de la biomasse des océans est constituée de micro-organismes et que l’on ne connaît pas 10 %. Le plancton a un rôle important, par la photosynthèse. A travers ce processus, l’océan assainit l’atmosphère, il y a un équilibre permanent entre atmosphère et océan. Pourtant on ne connaît pas grand-chose de ces échanges. On s’achemine vers une acidification et un réchauffement des océans : quel est l’impact de l’augmentation de la température des océans, de l’augmentation du carbone dans l’atmosphère et les océans ? Notre objectif est de traverser le maximum d’océans et d’accumuler des échantillons pour pouvoir les comparer et comprendre au bout du voyage le fonctionnement des écosystèmes et pouvoir anticiper ce qui se passera plus tard »
L’approche est donc multidisciplinaire et l’enjeu est de comprendre l’écosystème dans son ensemble. Les données qui en sortiront seront mises à disposition de tous les scientifiques intéressés. « Des technologies nouvelles et des instruments inédits pour explorer la diversité des formes et des génomes océaniques sont prévues à bord. Les moyens d’études sont exceptionnels et virus, méduses, larves de poissons, coraux…, pourront être étudiés dans leur ensemble et surtout dans leurs interactions ».
Voir le programme des deux journées de fête organisées pour le départ de Tara les 4 et 5 septembre ICI
Sources : Tara Océans / photo fond Tara / RH – 3B Conseils