mardi 6 octobre 2009

« Les glaciers fondent plus vite que les négociations avancent » (Ban Ki-monn)



A 61 jours du Sommet de Copenhague, les 190 Etats membres de l’ONU sont engagés dans un nouveau cycle de négociations à Bangkok , jusqu'au 9 octobre. Ils se retrouveront à nouveau du 2 au 6 novembre à Barcelone.

Pour le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon : "Il ne reste que dix jours de négociations avant que nous venions à Copenhague (…). Dans dix jours, nous devrons décider ce qui doit être fait pour notre avenir. Nous n'y sommes pas encore. Il reste beaucoup à faire et plus beaucoup de temps".

Le secrétaire général de l'Onu n'a d’ailleurs pas exclu la tenue en novembre d'une session de discussions supplémentaire sur le financement de la lutte contre le changement climatique.

Après les discussions le 22 septembre dernier au siège de l’ONU à New York, puis celles du G20 à Pittsburgh, il a réaffirmé que quelles que soient leurs difficultés sur le plan intérieur, c’est aux gouvernements du monde de se mettre d'accord : "ce n'est pas le moment de se pencher sur les défis intérieurs, nous devons nous intéresser aux défis internationaux, qui auront un effet sur le monde entier".

"Nous devons avoir un accord global", a-t-il déclaré en estimant notamment que le succès de la conférence dépendra largement des Etats-Unis.

S’agissant du projet de loi de Barack Obama sur le climat et l'énergie, il considère que s’ils "ne seront peut-être pas capables (de l’adopter) avant la fin de l'année, cela ne doit pas leur donner une excuse pour ne pas le faire du tout".

Dans le même temps le président américain reconnaissant que "le gouvernement fédéral est le plus gros consommateur d'énergie de l'économie américaine, il peut et il doit donner l'exemple", il a ordonné ce 5 octobre à son gouvernement de donner l'exemple contre le réchauffement climatique et fixé aux agences gouvernementales des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Elles devront les rendre publiques dans les 90 jours

A ce stade des négociations, un retour sur la semaine de discussions sur le climat à New York et à Pittsburgh (22 au 26 septembre) n’est pas inutiles……..

Tout d’abord, le Sommet des chefs d’Etat sur le climat qui s’est réuni à New-York, le 22 septembre dernier en ouverture de l’assemblée générale des Nations Unies, a permis au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon de tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme : « le changement climatique est la question géopolitique question géopolitique et économique dominante du XXIe siècle qui bouleverse l'équation mondiale du développement, de la paix et de la prospérité (…) Mais les glaciers fondent plus vite que les négociations avancent » a-t-il déclaré devant une centaine de chefs d’Etat ou de gouvernement.

Regrettant la lenteur des négociations sur le nouvel accord international destiné à succéder au protocole de Kyoto, il a rappelé aux dirigeants qu'un échec à Copenhague serait «moralement inexcusable, à courte vue économique et mal avisé politiquement».

Le compte à rebours des négociations est désormais serré puisqu’en décembre, les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier devront conclure ce futur accord pour limiter l'émission de gaz à effet de serre, lequel devra entrer en vigueur en janvier 2013.

D’ici là, dans le cadre des préparatifs de la Conférence de Copenhague , un nouveau cycle de négociations s'est ouvert ce 28 septembre à Bangkok et un autre aura lieu début novembre à Barcelone.

Lors des discussions à l’ONU, le président Nicolas Sarkozy a insisté sur le fait qu’«il nous reste 87 jours. Face à la complexité de cette négociation, la France propose que les chefs d'État des principales économies, qui représentent 80 % des émissions, se retrouvent à la mi-novembre. Il leur reviendra de préciser leurs engagements pour assurer le succès de Copenhague.»

La France a soutenu la proposition mexicaine de contribution universelle qui avait été présentée lors du Forum des économies majeures sur l’énergie et le climat (MEF) en juillet dernier à Paris, et a repris les récentes estimations de la Commission sur le montant prévisionnel des besoins associés à la lutte contre le changement climatique et ses effets (100 Mds d’euros par an à l’horizon 2020). Elle a également souhaité la mise en place d’une initiative dédiée pour développer l’accès à l’énergie en Afrique.
La France a rappelé qu’aucun partenaire ne devait s’exonérer de sa part d’effort ; si tel devait être le cas, l’Union européenne serait tenue de mettre en place une taxe carbone à ses frontières.

Citant John-Fitzgerald Kennedy «Nos problèmes sont dus à l'homme, ils doivent donc être résolus par l'homme», le président américain Barack Obama a voulu marquer l’urgence de la situation : une menace «sérieuse, urgente et croissante» et contre le risque d'une «catastrophe irréversible».


Alors que l'union européenne attend des objectifs et un calendrier précis des Etats-Unis, il a dressé un premier bilan de son action à la Maison-Blanche et rappelé les investissements engagés en faveur des énergies renouvelables et les nouvelles normes automobiles en matière d'émission de GES, dans le cadre du plan de relance de l'économie américaine.

Pour autant, il n’a avancé aucune proposition nouvelle, ni objectif que celui déjà connu de ramener les émissions de gaz à effet de serre à leur niveau de 1990 d'ici à 2020.

Si Barack Obama affirme que «nous devons saisir l'opportunité pour faire de Copenhague une étape significative dans la lutte finale contre le changement climatique», sa marge de manœuvre reste étroite.

En effet, en juin dernier, le président américain a fait approuver par la Chambre des représentants un texte pour réduire de façon contraignante les émissions de CO2 et encourager les énergies propres, mais son projet de loi sur le climat et l'énergie, est toujours en discussion devant le Sénat et ne devrait pas aboutir avant 2010.

Un certain nombre de dirigeants se rappellent que c’est sur un scénario similaire qu’en 1997 Bill Clinton avait trébuché lors de la préparation du protocole de Kyoto. Alors qu’il s'était engagé à ratifier le protocole de Kyoto, Bill Clinton avait été désavoué par les parlementaires américains.

Le président Hu Jintao, dont le pays est devenu récemment le plus grand émetteur de gaz à effet de serre de la planète, devant les Etats-Unis, a annoncé devant les Nations-Unies un double engagement de la Chine : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) rapportées à la croissance économique d'ici 2020 comparativement à 2005 d’une part et le développement volontariste « des énergies renouvelables (et l'énergie nucléaire) et l’accroissement de la part des énergies non-fossiles dans la consommation du pays à environ 15% d'ici 2020»,

Cette annonce pourrait lever un certain nombre d’obstacles dans les cercles politiques de Washington, où l’attentisme chinois servait d'excuse pour freiner toute mesure sur le réchauffement.

Au delà du Sommet à l’ONU, le climat s’est également invité lors des discussions du G20 à Pittsburgh. La rencontre qui portait essentiellement sur la réforme des institutions financières, ne pouvait faire l’impasse les questions de sécurité énergétique et de changement climatique.

C’est ainsi que dans la déclaration finale les dirigeants du G20 se sont engagés à « rationaliser et éliminer progressivement sur le moyen terme les subventions inefficaces aux combustibles fossiles qui encouragent la surconsommation ».

Les membres du G20 entendent « accroître l’approvisionnement en énergie propre et renouvelable, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la promotion de la conservation sont des mesures essentielles pour protéger notre environnement, à promouvoir une croissance durable et lutter contre la menace du changement climatique.


De même les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Pittsburgh ont affirmé qu’ils ne ménageraient « aucun effort pour parvenir à un accord à Copenhague à travers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) négociations « . Ce que l’on espère…..

Reste à régler également un problème crucial sur l'aide des pays industrialisés aux pays émergents en développement confrontés aux changements climatiques.
C’est en effet une des pierres d’achoppement dans les négociations tendues entre pays industriels et les nations en voie de développement qui sont en désaccord sur la façon de se partager les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les pays développés ont une responsabilité particulière celle de leur fournir une aide financière et technique pour les aider à s'adapter aux effets du changement climatique.


Voir la déclaration officielle des dirigeants du G20




Sources : AFP / ONU / WhiteHouse.gouv / MEEDDM / RH – 3B Conseils