OTTAWA (AFP) - 28/04/2008 - 3B Conseils -
Un organisme consultatif canadien a maintenu vendredi le statut de l'ours polaire à "préoccupant", plutôt que de l'élever à "menacé", mais a reconnu qu'il souffrait du réchauffement climatique accéléré dans l'Arctique. " Il y a de gros problèmes avec l'ours blanc à cause des changements climatiques, à cause de la surexploitation de certaines régions où il vit, mais on ne peut pas dire que c'est une espèce menacée d'extinction à court terme ", a déclaré le co-président du comité d'experts, Marco Festa-Bianchet. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac) a rendu sa décision à l'issue d'une réunion d'une semaine dans les Territoires du Nord-Ouest. " Dans certaines régions, il semble y avoir une augmentation du nombre d'ours; dans d'autres régions, il semble y avoir un déclin ", a souligné Jeff Hutchings, président du comité. Le Canada compte quelque 15.500 ours polaires sur son territoire, soit plus de la moitié de la population planétaire de ce carnivore réparti sur l'ensemble de la région arctique circumpolaire devenu l'emblème de la lutte contre les changements climatiques. " La réduction de la glace marine, une conséquence des températures à la hausse, représente une menace pour l'espèce, particulièrement dans la partie sud de son aire de répartition ", a précisé M. Hutchings, tout en citant les dangers liés à l'exploitation des hydrocarbures dans le nord canadien. Le Cosepac est un organe scientifique qui n'a pas le pouvoir de modifier le statut d'une espèce, mais émet des recommandations au gouvernement. Il s'agissait vendredi de la quatrième fois depuis 1991 que ce comité scientifique jugeait "préoccupant" le niveau de la population d'ours polaire. " Sous certains aspects l'ours polaire est près des critères pour être classé +espèce menacée+. Peut-être que dans 10 ou 15 ans, nous réévaluerons son statut. Cela pourrait toutefois être plus tôt si nous avons des raisons de croire que son statut a changé ", a affirmé M. Hutchings. Le comité scientifique détaillera ses observations au gouvernement d'ici le mois d'août. Le ministère de l'Environnement doit par la suite annoncer des mesures pour assurer la protection de l'espèce. " Notre gouvernement se préoccupe de l'avenir de l'ours blanc ", a déclaré vendredi le ministre de l'Environnement, John Baird, qui s'est " engagé à intervenir " pour que la population de cet animal " iconique " demeure " vigoureuse et qu'elle ait un avenir sûr " au Canada. Plusieurs organisations, dont le Fonds mondial pour la nature (WWF), ont mis en garde contre la disparition des ours polaires du Canada exprimant le souhait que le comité canadien élève cette semaine le statut du plantigrade blanc à celui de " menacé ", voire à " en voie de disparition ". Des leaders inuits canadiens s'opposent à ce que l'ours polaire soit considéré comme une espèce menacée, insistant sur l'importance de cet animal pour l'économie locale, notamment pour la chasse. " Les pressions futures sur la population signifient que la chasse devra être soigneusement gérée au cours des prochaines années ", a demandé le comité. Le ministre de l'Environnement s'est engagé à dialoguer avec les Inuits sur cette question.